L’option boîte manuelle ou boîte automatique constitue un dilemme s’invitant de plus en plus fréquemment, au moment du choix d’un véhicule, neuf ou d’occasion. Il est bien connu que la clientèle européenne et française en particulier, a très longtemps boudée cette technique, tant les inconvénients, les contraintes, les asservissements et les coûts leur faisaient une réputation intolérable à leurs yeux. Qu’en est-il véritablement aujourd’hui ? Le fonctionnement mécanique et les mentalités des usagers, ont-ils évolués ? Ce dossier tente de répondre à ces questions, au moment où le marché des diverses versions de boîtes de vitesses automatiques semble connaître une toute nouvelle faveur du public et une croissance durable, notamment sur les modèles de petite et moyenne gamme !
Qu’est, exactement, une boîte automatique ?
Tout le monde connaît la boîte de vitesse manuelle. C’est le dispositif classique, permettant d’étaler les rapports de vitesses, selon un cycle « débrayage, changement de rapport, embrayage », manœuvré en montée comme en descente, à l’aide de pédales et d’un levier manuel. Le pilote conserve, à tout moment, la totale maîtrise de cet enchaînement, à l’instant qu’il juge opportun, à l’écoute du régime moteur et quelle que soit sa vitesse ou sa charge. C’est la seule option autorisant une flexibilité de conduite absolue. Avec une boîte automatique (BVA), c’est le calculateur électronique qui décide du moment le plus favorable pour monter ou descendre les rapports. Toutes les boîtes de vitesse automatiques n’utilisent pas la même technique pour adapter le régime moteur à la vitesse du véhicule. En fait, « boîte de vitesse automatique », est une expression générique désignant, à ce jour, trois techniques bien différentes pour libérer le conducteur du souci de changer la démultiplication des régimes entre le moteur et les roues.
Certaines conservent le cycle « débrayage, changement de rapport, embraye » , mais le rendent transparent, pour l’utilisateur, d’autres n’ont plus de disque d’embrayage, certaines encore, sont capable de repasser la maîtrise au pilote s’il le demande. Leur principale similitude visible réside dans la disparition, pure et simple de la pédale d’embrayage. Si chacune apporte son lot d’avantages et d’inconvénients. Elles comptent en commun, un meilleur confort et une plus grande facilité de conduite, évitent les à-coups et annule tout risque de caler ou d’emballer le moteur. Pour les aspects plus négatifs, on note une consommation de carburant légèrement supérieure, la faible efficacité du frein moteur et un prix d’achat plus élevé.
Les différents types de boîtes automatiques
1 – La transmission automatique
La transmission automatique, est chronologiquement, la première technique utilisée pour automatiser le passage des vitesses. Elle est apparue timidement, aux États-Unis, au début du siècle dernier (Boston, 1904), contrée dans laquelle elle conserve encore une bonne cote de popularité, malgré un défaut congénital à mettre à mal les efforts constants des constructeurs, visant à minimiser la consommation de carburant. Dans ce système, le disque d’embrayage, d’abord remplacé par un coupleur hydraulique au fonctionnement erratique, fut amélioré par la firme General Motors qui le dota d’un convertisseur de couple vers la fin des années 1940. Détail amusant, ces transmissions était lubrifiées par des huiles formulées à base de sperme de baleine, jusqu’au début des années 1960 ! Aujourd’hui, les avancées technologiques et informatiques aidant, les boîtes de vitesse automatiques sont devenues d’une grande souplesse d’utilisation, peuvent accepter plus de 10 rapports de vitesse, connaissent une fiabilité à toute épreuve et s’adaptent à toutes les situations connues (traction avant, traction intégrale, boîtes de transfert, 4×4, 6×6…). Les coûts d’entretien sont sensiblement identiques à ceux des boîtes mécaniques, car le coût des vidanges d’huile périodiques, compense largement celui du remplacement de disque d’embrayage, En cas de problème de fonctionnement, les pièces de rechange et la main d’œuvre spécialisée sont, par contre, beaucoup plus onéreuses. Pour modérer, enfin, la mauvaise réputation des BVA sur la consommation de carburant, notons que sur certains trajets (ville ou parcours sinueux), elles rivalisent, sans effort, avec leurs équivalents à boîte manuelle.
2 – Les boîtes de vitesse robotisées
Pour schématiser, la boîte de vitesse robotisée (BVR), est composée de trains d’engrenages classiques semblables à ceux d’une boîte de vitesse manuelle, pouvant compter jusqu’à 9 rapports. La transmission s’effectue à l’aide d’un disque d’embrayage classique. L’originalité de la boîte robotisée tient au dispositif électromécanique (ou hydraulique) couplé, géré par ordinateur et capable de reconnaître avec précision, le moment opportun pour monter ou descendre les rapports. Ce dispositif, agissant comme un robot (d’où son nom), programmé pour changer automatiquement de vitesse en lieu et place du conducteur, revendique la faculté de cumuler les avantages des deux systèmes. Il y arrive plutôt bien, puisque l’on retrouve une bonne partie des sensations de conduite d’une boîte manuelle, le confort et la sécurité d’une boîte automatique, sans surconsommation sensible de carburant. Ces boîtes plus légères et moins encombrantes, se glissent plus facilement sous le capot-moteur des petites cylindrées. Le chapitre de l’entretien est moins glorieux, puisqu’aux frais de vidanges programmés, s’ajoutent les frais de remplacement périodique et une usure plus rapide des disques d’embrayage. La fiabilité, excellente, n’égale toutefois pas celle des boîtes manuelles. Notez que la quasi-totalité des BVR actuelles offre le choix de plusieurs modes de conduite (normal, économique, sportif, séquentiel…). Ce système innovant, commercialisé pour la première fois en 2002, sur des modèles du groupe PSA (Peugeot, Citroën), moins cher à l’achat qu’une BVA, aujourd’hui proposé en option par la plupart des marques européennes ou japonaises, est certainement destiné à se généraliser.
3 – Les boites séquentielles
Les boîtes séquentielles ne sont pas vraiment des boîtes de vitesse automatiques, puisque le conducteur doit agir sur un levier ou sur des palettes situées sous le volant, pour monter et descendre les vitesses. Cependant, le crabotage des rapports est assuré par un dispositif d’asservissement lié à un dispositif de synchronisation rapide. Comme sur les BVA et les BVR, l’embrayage entièrement automatisé, affranchit de la présence d’une pédale d’embrayage. Ce système, conçu à l’origine pour les voitures de course de Formule1, s’est retrouvé sur quelques véhicules de grande série (Citroën C2, C3, Pluriel, Smart…). Il est devenu courant, sur les véhicules de prestige ou à vocation sportive, qui exploitent ses qualités à limiter drastiquement le temps et la perte de puissance liés au passage des vitesses. La boîte séquentielle, tempère aussi le tempérament un peu trop fougueux de certains pilotes amateurs, sécurisant un comportement routier souple et performant malgré une conduite sportive.
Notez que la plupart des boîtes de vitesse automatiques et robotisées proposent, de série et sans supplément, un mode de conduite séquentiel.
Permis spécial pour voitures à boîte automatique (code restrictif 78)
Il est possible de passer un permis B (véhicules légers < 3 500 kg de C.U.), sur une voiture à boîte de vitesse automatique. Attention cependant, ce permis n’ouvre le droit de conduire que les véhicules équipés de boites automatiques, de boîtes robotisées ou de boîtes séquentielles. Le temps de formation obligatoire, limité à 13 heures au lieu de 20 pour le permis B standard, doit être obligatoirement dispensé par une auto-école. Le titulaire d’un tel permis de conduire peut, après un délai de 6 mois incompressible, le convertir, sans examen pratique, en permis B classique. Il suffit de justifier de 7 heures de cours complémentaires (ceux qui n’ont pas été donnés à l’origine), toujours effectués dans un établissement agrée. Notez que cette facilité s’applique seulement aux personnes ayant passé le permis B code 78, pour des raisons autres que médicales. Ceux-là, sont toujours contraints de subir, avec succès, l’épreuve redoutée de conduite contrôlée par un examinateur officiel.
Mode de conduite particulier des véhicules à boîte automatique
Conduire une voiture automatique oblige à respecter certaines procédures et règles de fonctionnement propres à ces véhicules particuliers. La première mise en garde s’adresse aux conducteurs chevronnés ! Habitués à conduire régulièrement les véhicules classiques, ils acquièrent très vite des enchaînements de gestes reproduits sans même les penser. Le plus coutumier consiste à appuyer fermement du pied gauche sur la pédale d’embrayage pour passer les vitesses. Dans un véhicule automatique, le pied gauche mu par ce type de réflexe, trouve systématiquement…la pédale de frein ! Émotion et projection brutale vers le pare-brise garanties. Dans le même esprit, manœuvrer machinalement le levier de vitesse, ne produit aucune catastrophe, car les véhicules à boîte auto sont dotés de sécurité évitant de passer en mode parking ou en marche arrière au-delà d’une certaine vitesse. Aucune sécurité, cependant, n’interdit de passer le point mort ou en mode séquentiel. L’emballement du moteur qui accompagne ces actions inopportunes est de nature à réveiller le conducteur le plus distrait. Il faut ensuite se familiariser avec le levier ne comportant que 4 positions linéairement réparties :
- La position parking (repère P), dans laquelle le véhicule est mécaniquement immobilisé par une clavette ou un téton bloquant la rotation de l’arbre de sortie. Il est bon de savoir que le moteur refuse de démarrer, tant que le levier n’est pas dans cette position ou que l’on n’appuie pas sur la pédale de frein.
- La position recul (R), à sélectionner pour enclencher la marche arrière.
- La position neutre (N), correspondant au point mort des boîtes manuelles. Dans cette position, le véhicule peut avancer ou reculer sans sollicitation du moteur, sur une pente, par exemple. Attention donc, pour immobiliser le véhicule, il est indispensable d’actionner un frein (à pied ou à main).
- Le levier en position de marche avant automatisée (D pour drive), permet, par simple sollicitation de la pédale d’accélérateur, de faire avancer le véhicule, sous toutes ses allures. Notez qu’en cas d’urgence, écraser l’accélérateur a pour effet immédiat de rétrograder d’une vitesse automatiquement. Cela emballe le moteur et provoque une accélération brutale, pour raccourcir, par exemple le temps nécessaire à doubler un véhicule.
Les boites robotisées et les boîtes séquentielles sont dotées d’un levier manœuvrable sur deux -positions longitudinales (+ et -), pour monter ou descendre les vitesses et deux positions accessibles par un décalage latéral du levier pour le neutre et le parking. La fonction « + » peut être également actionnée par une palette située sous le volant (à droite) et la fonction « -« , par une palette pareillement située, mais à sa gauche. Une impulsion sur l’une oui l’autre de ces leviers, monte ou descend les rapports. Notez, enfin, que sur les BVA et les BVR dotées de la fonction séquentielle, le levier possèdent également ce décrochement. C’est une option d’une grande utilité en montagne ou dans les grandes descentes, pour profiter pleinement d’un frein-moteur fort utile pour ménager les plaquettes de frein, déjà plus fortement éprouvées sur les véhicules à boîte automatique. Pour situer rapidement la vitesse active, la plupart des constructeurs prévoient son affichage numérique chiffré (1, 2, 3…) très apparent, lisible près du compteur de vitesse.