Les pneus haut de gamme prennent des noms marketings ronflants ou prestigieux (premium, Excellium…) les outsiders se contentent de mots rassurants (Quality, Performe…), alors que certaines marques totalement inconnues affichent d’entrée leur différence (Low-cost, Premier prix…). Nous verrons plus loin ce qu’il faut penser de ces qualificatifs, mais l’on constate, au premier regard, une différence essentielle : pour une même taille dans le même créneau d’utilisation, les prix s’échelonnant selon un ratio de 1 à 5. Justifié ou non ? CQFD !
Ce que prévoit la loi
Tous les pneus vendus en Europe doivent se conformer aux normes en vigueur et avoir obtenu une homologation valable pour chaque pays de la zone. Il s’agit des prescriptions suivantes :
- L’étiquetage obligatoire, sous forme de pictogrammes colorés, style « ondes », notifiant les performances selon une valeur de 1 à 3, en matière d’adhérence sur sol mouillé (tenue de route), de résistance au roulement (consommation) et d’émission de bruits de roulement (en décibels).
- La certification européenne, que chaque pneu doit arborer, en relief sur son flanc visible, composée de la lettre « E » inscrite dans un cercle ou un carré, suivie d’une série de chiffres. Cette homologation n’est pas un critère de qualité, mais atteste que le produit répond aux exigences minimales de la norme en matière de sécurité et de respect de l’environnement. Le premier chiffre indique le pays ayant accordé son homologation (1, pour l’Allemagne, 2, pour le France, 3, pour l’Italie, etc.). Le second chiffre, indique le type de véhicule pour lequel cette certification a été approuvée, « 2 », pour l’usage sur un véhicule léger. Les quatre chiffres suivants reprennent le numéro d’homologation. Certains fabricants ajoutent, à la suite, une série de symboles alphanumériques, reprenant les performances citées précédemment.
Le code « DOT« , imposé par l’administration américaine, n’est obligatoire que dans ce pays, mais porté sur le flanc de la quasi-totalité des pneus vendus en Europe. Mondialisation oblige ! Elle donne des indications précises sur le manufacturier (1er caractère), l’usine de fabrication, (2e caractère), la semaine de fabrication (3e et 4e caractères) et l’année de fabrication (6e et 7e caractères). Les pneus perdant de leur efficacité au bout de 5 ans d’exposition aux intempéries, cette information est de la première importance. Autre indication de valeur, l’indice de température, codée A (pour la meilleure performance), B ou C, donne une bonne idée de la résistance à l’échauffement (un pneu s’échauffant vite s’use mal et plus rapidement.
Conscients de ces informations, on peut déduire que l’on peut monter, sans danger, tous les pneumatiques vendus sur le sol européen. Match nul, donc, sur le plan des exigences minimales vis-à-vis de la loi, mach nul entre pneus premiers prix et pneus haut de gamme. D’autre part, les indices de performance permettent d’établir un premier choix parmi les produits présents sur le marché, selon des critères de comparaison raisonnablement objectifs.
Pourquoi les pneus de grandes marques sont-ils plus chers ?
Le pneumatique est un produit dont la technique complexe est en perpétuelle évolution. Ceci n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de recherches constantes effectuées par un personnel nombreux et hyper spécialisé (Plus de 6 000 personnes travaillent, au quotidien, dans le service R&D de notre fabricant national.). Ces recherches aboutissent à des découvertes plus ou moins innovantes faisant l’objet de multitudes de dépôts de brevets à l’échelle mondiale. Au stade de la fabrication, les résines et matériaux innovants utilisés, de formulation plus récente, ne bénéficient pas encore de l’effet de masse sur les prix et subissent le poids des lourds investissements liés à la construction de nouvelles lignes de fabrication. Ceci a un coût, qui fatalement se répercute, tout ou partie, sur le prix de revient du produit supporté par le consommateur final. Les pneus bas de gamme utilisent des matériaux, moins techniques, éprouvés de longue date, présents en grande quantité sur le marché mondial, donc moins chers. L’absence du poste ‘Recherche et Développement » chez ces manufacturiers et la technicité des composants, constituent la première grande différence entre la production de pneus haut de gamme et celle des pneus premiers prix, volontairement limités, en outre aux tailles et aux configurations les plus usuelles, délaissant les segments de marché les moins rentables.
Naissance d’un pneu
Un nouveau pneu, c’est un peu le bébé du service recherche et développement, dont nous parlions plus haut. Lorsqu’on le contemple pour la première fois, il semble tellement semblable à ce que l’on connaît, qu’un sentiment de frustration peut s’installer dans un coin du cerveau ! Pourtant, il s’agit vraiment d’un produit nouveau, ne demandant qu’à prouver à la face du monde que ses spécificités en feront l’élite de demain. Si les calculs sont confirmés par les essais, la particularité de ces quelques centimètre-carrés de caoutchouc synthétique, seul contact avec le bitume (± la surface d’une feuille au format d’un cahier d’écolier) ou le dessin de ses sculptures, permettront de gagner au freinage, les quelques mètres suffisants à sauver une vie.
Les caractéristiques intrinsèques de son invisible armature métallique, assureront un gain de tenue de route ou une endurance suffisants pour assurer la victoire au pilote de course. Détail non-négligeable, quelques décibels de moins sur un long parcours, procure un surcroît de confort considérable. Nous pourrions ainsi allonger à souhait la liste des avancées imperceptibles faisant progresser les caractéristiques du pneu dont peut disposer monsieur tout le monde. Si besoin en était, il est donc important de rappeler, pour s’en souvenir au moment du choix, qu’une infime fraction de performance supplémentaire peut changer le cours d’une vie !
Positionnement stratégique d’un pneu haut de gamme
Les pneus haut de gamme ou Premium, constituent le fleuron des marques réputées. Ils tentent de cumuler les meilleures performances que la technologie du moment permet, dans un maximum de domaines, avec un objectif sécuritaire prédominant (résistance aux chocs, réduction des distances de freinage, résistance à l’échauffement et à l’éclatement, robustesse de la structure, etc.). Ils représentent ce que chaque manufacturier peut proposer de mieux en termes de performances routières, de tenue de route sur le bitume sec, d’adhérence sur route mouillée, de résistance à l’aquaplaning, de tenue à l’usure de la bande de roulement, de réduction des émissions de bruits et de confort de conduite.
Ces qualités sont reconnues par les professionnels de l’automobile, à commencer par les constructeurs lorsqu’ils les homologuent pour équiper leur production ou qu’ils en équipent leurs voitures neuves (première monte). Les consommateurs, quant à eux, apprécient la longévité de ces produits, ainsi que leur aptitude à économiser le carburant. Ces économies potentielles compensent, en partie, les tarifs plus élevés. Les grandes marques s’attachent à protéger une réputation longue et difficile à obtenir, mais qu’ils savent fragile, en recherchant constamment le meilleur équilibre commercial entre le prix et la recherche constante d’amélioration de leurs produits. Leur catalogue n’est donc constitué que de produits de qualité, ayant fait leurs preuves et aux performances en constante évolution. Revers de la médaille, ce sont les pneus les plus chers du marché, même si certaines grandes marques modèrent leur prix, de façon plus ou moins ponctuelle.
Raison d’être des pneus de premier prix
Les pneus de premier prix, low-cost ou budget, annoncent clairement l’objectif de proposer le prix le plus bas possible. Pour cela, ils utilisent tous les moyens que leur offre le marché, pour réduire au maximum les coûts de production. Dans ces entreprises, implantées dans des pays à main d’œuvre bon marché, coutumiers de dumping et/ou ne connaissant pas les régimes sociaux, il n’est évidemment pas question de recherche ou d’un quelconque développement technique. On réutilise les vieilles recettes pouvant encore se glisser entre les mailles du filet réglementaire, on fabrique des outillages traditionnels et on emploie des résines dont les brevets sont tombés dans le domaine public. Certaines lignes de fabrications réformées, cédées à bas prix par des manufacturiers plus aisés ou complaisants reprennent ainsi vie. Force est de constater que généralement, ces bricolages industriels donnent de bien piètres résultats, face aux performances des leaders.
Ne cherchez pas, non plus, de pneumatiques aux technologies particulières : pneus anti-crevaison (Runflat), bandes anti-frottement, dimensions dédiées aux conduites sportives, n’existe simplement pas dans ce segment de marché. Attention toutefois, le résultat n’est pas à jeter sans considérer attentivement un produit qui, somme toute, répond parfaitement aux normes. Il peut être une alternative économique si votre conduite paisible se borne à quelques milliers de kilomètres annuels en bon père de famille. Souvenez-vous que les meilleures gommes du monde auront perdu nombre de leurs qualités au bout de quelques années !
Autres façons de concevoir le pneu idéal, adapté à votre type de conduite
Hors de l’utilisation particulière précédemment citée, puisque le principal attrait du pneu budget réside dans son prix, considérons les chiffres. Il est intéressant de comparer un prix de revient global du produit sur la durée de sa vie, sans se focaliser sur le seul prix d’achat. Quelques simulations chiffrées peuvent être révélatrices : face aux quelques dizaines d’euros gagnées à l’acquisition, placez les économies de carburant que des pneus plus techniques permettent de gagner chaque année, en fonction du kilométrage annuel moyen parcouru. Ajoutez à cela la notion, certes plus vague (10, 15, 20 % ?), mais bien réelle de l’usure prématurée des pneus premier prix, généralement à gomme tendre. Il n’est pas certain que très rapidement, le bilan financier soit favorable aux pneus de premier prix.
Quand bien même cela serait, peut-on estimer au reliquat, le prix de votre sécurité, de celle de vos proches ou de celle des autres usagers de la route ? Une autre alternative raisonnable peut se trouver dans les pneus de gamme intermédiaire, souvent qualifiés de « Quality ». Ces produits sont souvent des sous-marques appartenant à de grands groupes. Ils leur permettent à la fois de rester présent sur un marché différent et de rentabiliser des productions moins innovantes, mais qui tenaient encore le haut du pavé, peu de temps avant. On trouve également, dans les gammes intermédiaires, des manufacturiers indépendants, investissant comme les grandes marques, dans la recherche pour l’amélioration des produits. Ces entreprises offrent souvent des pneus de qualité à des prix particulièrement intéressants, dans le but de se faire un nom auprès des plus prestigieux. Elles sont prêtes, pour cela à jouer la carte du ratio qualité/prix favorable. Mais cela est un autre débat !